Résumé Qu'est-ce que la vertu ? « Pourrais-tu me dire, Socrate, si la vertu peut être enseignée, ou si, ne pouvant l'être, elle s'acquiert par la pratique, ou enfin si elle ne résulte ni de la pratique ni de l'enseignement, mais vient aux hommes naturellement ou de quelque autre façon? » La première question du dialogue exprime son programme. La vertu s'enseigne-t-elle ou bien faut-il plutôt s'y exercer ou encore l'a-t-on par nature ? demande Ménon. Socrate ne peut pas répondre à la question parce qu'il ne sait pas ce que c'est que la vertu. Mais peut-être Ménon a-t-il une définition à proposer ? Ménon affirme qu'il « existe une multitude [de] vertus » et qu'on est donc « pas embarrassé pour définir la vertu » (72a) . Il en cite quelques-unes. Socrate n'est pas satisfait parce qu'il veut non pas connaître toutes les vertus qu'il y a, mais leur « forme caractéristique identique chez toutes sans exception, qui fait d'elles des vertus » (72c). En effet, la vertu en tant qu'elle est vertu ne change pas suivant qu'elle est chez l'enfant, la femme ou le vieillard. Mais Ménon en doute. Ménon comprend mal la question de Socrate. Il donne l'extension du concept de vertu, alors qu'on cherche son intention (compréhension). Il semble pourtant que quel que soit le cas, il faut que l'individu bon soit juste et tempérant. Ainsi, « Tous les êtres humains, qui sont des êtres bons, le sont donc de la même façon, puisque c'est grâce à des qualités identiques qu'ils deviennent bons. » (73c). Il semble alors que leur vertu soit la même vertu. La vertu, affirme alors Ménon, est la capacité de commander aux hommes (73c). Mais cette définition est rapidement réfutée, car : (i) à coup sûr la vertu de l'esclave ne saurait être la capacité de commander. (ii) Mais surtout, il faudrait rajouter « avec justice et sans injustice » à la définition de Ménon, car, dit ce dernier, « la justice est vertu » (73d). En fait, ce qui rend le commandement vertueux, c'est une