révolution française
Le but de la Révolution a été le plus grand et le plus légitime qu'aucun peuple ait jamais poursuivi : à savoir, de restituer à l'individu ses droits naturels, ses droits d'homme et de citoyen, de le délivrer de toutes les oppressions que l'inégalité des classes et l'arbitraire du pouvoir faisaient peser sur lui, de conquérir enfin l'égalité civile et la liberté politique.
Malheureusement si le but a été grand et excellent, les moyens ne l'ont pas été : ils ne furent que trop souvent violents et terribles ; trop souvent, pour faire régner le droit parmi les hommes, on a cru qu'il fallait commencer par la violation du droit. C'est ce qu'on a appelé le régime révolutionnaire. Il s'est fait alors une confusion dans l'esprit des hommes, le mot Révolution ayant signifié à la fois et le but et les moyens.
Les uns condamnent le but, parce qu'ils le confondent avec les moyens ; d'autres, plus insensés encore, admirent les moyens qu'ils confondent avec le but. Il faut savoir à la fois approuver le but qui est bon, et condamner les moyens qui ont été mauvais. C'est ainsi qu'il faut être fidèle à l'esprit de la Révolution, tout en réprouvant l'esprit révolutionnaire.
Il n'est pas d'opinion qui ne soit condamnée à faire un pareil partage. Les catholiques qui croient le plus à la vérité de leur religion répudient cependant la Saint-Barthélemy et les supplices de l'inquisition.
C'est d'ailleur un sophisme des ennemis de la Révolution de faire croire que c'est elle qui a inventé les mauvais moyens dont elle s'est servie. On la flétrit dans l'esprit des peuples, en la confondant avec une politique d'arbitraire et de tyranie, dont, à la vérité, elle est coupable de s'être servie, mais qu'elle n'a pas inventée.
Toutes les mauvaises maximes politiques des révolutionnaires étaient empruntées