Satyr
“ Marcher d'un grave pas... ” de Joachim du Bellay
INTRODUCTION Le séjour de Du Bellay à Rome lui a inspiré de nombreux poèmes à la veine élégiaque ou satirique. C'est la tonalité satirique qui préside à l'élaboration du quatre-vingt-sixième sonnet du recueil des Regrets, publié en 1558, illustrant les vers de la dédicace qu'il destinait à monsieur d'Avanson, conseiller du roi : "Et c'est pourquoy d'une doulce satyre Entremeslant les espines aux fleurs, Pour ne fascher personne de mes pleurs, J'appreste icy le plus souvent à rire." Comme fréquemment dans cette partie du recueil, c'est la cour romaine qui est ici caricaturée, et le poète épingle un défaut majeur, caractéristique du courtisan, l'hypocrisie.
COMPOSITION FORME : Sonnet régulier, même si la Pléiade dont faisait partie Du Bellay, créatrice du genre, préférait le décasyllabe.
FOND : Le poème est composé d'une seule longue phrase. Les trois premières strophes, construites sur le même modèle à partir d'un infinitif (ce que l'on trouve déjà dans le sonnet précédent), relèvent avec dérision certaines attitudes que l'on devine propres au courtisan. La dernière strophe, conclusive, révèle clairement la cible de la satire et introduit une opposition entre la cour de Rome et la personne-même du poète.
EXPLICATION LINEAIRE
Le premier quatrain débute par le procédé majeur, l'emploi de la proposition infinitive (il y en aura quatre dans ce quatrain, neuf sur l'ensemble du poème) pour stigmatiser à chaque fois une attitude caractéristique d'un certain défaut. Ce procédé amène forcément à sous-entendre la personne mise en cause, puisqu'elle supprime les pronoms personnels et, par conséquent, empêche l'individualisation, généralise l'attitude. L'infinitif "marcher" est précisé par le groupe nominal "d'un grave pas" et introduit un adjectif, "grave", qui sera repris deux fois. L'auteur privilégie ici le rythme ternaire souligné par le