Se nourrir ne peut en aucun cas être une affaire personnelle
Notre alimentation repose sur un paradoxe : nous croyons que manger est une affaire individuelle alors qu’elle ne l’a jamais été. Sa relation directe avec l’organisation rurale ou urbaine d’une société donnée traduit le développement économique de celle-ci et son organisation. De plus, elle reflète également d’une certaine façon la place de chacun dans l’échelle sociale. Faisant partie de la consommation, l’alimentation est l’action d’utiliser tant des biens que des services pour satisfaire un besoin, celui de se nourrir. De l’autre côté, se nourrir détermine des habitudes qui forment un style de vie à une période historique précise et d’un groupe social à travers lesquelles l’individu peut s’identifier ou non. Nous pouvons nous référer aux « goûts distingués » des classes supérieures par opposition aux « goûts vulgaires » des classes populaires.
Le travail féminin de la société occidentale contemporaine a beaucoup influencé nos habitudes alimentaires : on a recours à des plats industriels, les repas ont pris la forme de grignotage, on consomme de plus en plus de plats à emporter. A cause de la journée de travail qui est devenue très longue, à cause du temps passé dans les transports touchant aussi les horaires de toute la famille, le repas traditionnel n’est plus la règle. Les Français mangent de moins en moins chez eux, tantôt dans la restauration collective, tantôt dans la restauration commerciale.
Au moment où le « plateau repas » tend à remplacer le vrai repas, au moment des crises alimentaires qui sèment la panique chez les consommateurs, au moment où la méfiance vis-à-vis des produits alimentaires industrialisés règne,