Selon que vous serez puissant ou misérable...
Les malgaches sont plutôt pacifistes, mais ils aiment jouer au chat et à la souris. Ou au gendarme et aux voleurs. Ou à Robin des Bois et au sheriff de Nottingham. À vous de choisir, selon votre sensibilité politique et selon les jeux de votre enfance.
Le centre d’Antananarivo a revécu hier une journée dans l’ambiance du sakoroka [1]. Et les spécialistes de la question comme les simples citoyens de se demander à nouveau, comme à chaque fois qu’ils en avaient perdu l’habitude, s’il faut prendre les choses au sérieux ou s’il ne s’agit que d’un simple chahut sans grandes conséquences.
Les choses n’ont globalement pas trop mal tourné hier du côté d’Anosy, d’Ambohijatovo et même de Behoririka. Mais au delà du bilan collectif, il ne faut pas négliger le vécu individuel des uns et des autres et les rancoeurs qui s’accumulent.
Le simple automobiliste qui, pris dans le flot d’une manifestation au parcours imprévisible, voit des individus taper du plat de la main sur le capot de sa voiture les traitera en son for intérieur de « foza » [2]. Et le petit commerçant traumatisé par un passé encore récent se demandera, peut-être pas sans quelques raisons, si parmi les manifestants courant autour de la voiture de Fetison Rakoto Andrianirina, il n’y avait pas quelques incendiaires et pillards du 26 janvier 2009.
Plus sérieusement encore, tout cela dévalorise durablement la fonction politique. Et donc l’ensemble de personnalités qui la pratique. L’histoire ne manque pas de situations terribles auxquelles un sentiment populaire de « tous pourris » a abouti.
Les uns et les autres n’ont donc aucun intérêt à laisser les choses empirer. Jouer le pourrissement face à la situation actuelle ne fera que rappeler l’expression : le poisson pourrit toujours par la tête.
Il est donc plus nécessaire que jamais de parler sérieusement de réconciliation nationale. En n’oubliant surtout pas que la plus importante des réconciliations est celle