Sens
C'est chez PLATON que l'on trouve l'entreprise philosophique la plus systématique de dévalorisation des sens.
La critique platonicienne suppose qu'il existe une réalité en-soi, et que nos sens ne nous en font parvenir qu'un pâle reflet, divers et changeant.
C'est donc d'abord la valeur des sens dans la connaissance qui est disputée. Nos sens nous font immédiatement connaître des choses. Il fallait ici réfléchir sur la manière dont se constituent les sciences :
Sont elles un approfondissement de la connaissance sensible, ou se font elles contre la connaissance sensible ?
Les philosophes empiristes, comme HUME penchent vers le premier terme de l'alternative.
Les sens sont le seul moyen de connaître et la rationalisation scientifique prolonge la connaissance sensible.
Le rationalisme affirme au contraire, soit que la raison seule est impliquée dans une science : elle seule, en effet, nous fait connaître l'universel, objet des sciences selon ARISTOTE.
Soit selon une version plus contemporaine comme chez BACHELARD, que la connaissance scientifique exige une rupture avec la connaissance sensible quotidienne.
Nous retrouvons l'opposition de la raison et des sens dans le domaine moral. Puis-je m'en remettre à ma sensibilité quand il s'agit d'agir et de vivre ?
Là encore, les rationalistes mettent en cause la capacité des sens à fournir un critère universel de la bonne action.
Ils soulignent aussi que le critère de la bonne action doit être permanent, et que nos sens entendus ici comme l'équivalent de la sensibilité en général, sont trop sensibles aux variations du plaisir, de l'intérêt, ou de l'humeur, pour être ce