socrate
Socrate n'ayant jamais rien écrit, sa vie et sa pensée sont connues principalement par des contemporains (Aristophane), qui ont parfois été ses disciples (Platon et Xénophon), ainsi que par des sources indirectes, au premier rang desquelles Aristote (né en 384). Ces sources directes et indirectes ne s'accordent pas toujours ou sont même contradictoires. Ce qu'on appelle la « question socratique (en) » est le problème qui se pose lorsque l'on tente de reconstituer la pensée du Socrate historique2.
Alors que Xénophon était jusque-là la principale source sur la pensée du Socrate historique, le lancement de la question socratique a été principalement l'œuvre de Friedrich Schleiermacher. Dans son étude « Ueber den Werth des Sokrates als Philosophen [La valeur de Socrate en tant que philosophe] » (1818), Schleiermacher fait remarquer d'une part que Xénophon n'est pas un philosophe et d'autre part que sa défense de Socrate le conduit à en faire un philosophe plat et conformiste. Il pense donc que l'on peut trouver chez Platon les éléments de la véritable pensée de Socrate, tout en proposant de les faire concorder avec ceux qui sont considérés somme fiables chez Xénophon. Dans les faits, l'application de la problématique définie par Schleiermacher jusqu'au début du xxe siècle conduit à un quasi-rejet, voire un rejet complet du témoignage de XénophonNote 1. Il n'y a cependant pas eu d'accord chez les historiens sur le fait de savoir qui de Platon, d'Aristote voire d'Aristophane rendait le mieux compte de la pensée du Socrate historique, même si Platon avait la préférence du plus grand nombre. Mais même chez les partisans de Platon, la question de savoir à quels dialogues se fier n'est pas résolue : l'Apologie de Socrate seule, les dialogues de jeunesse (tous ou seulement certains), les dialogues apocryphes, voire la totalité des dialogues3. Pour Gregory Vlastos par exemple, le Socrate «