C'est par La poste que le 24 Mai 1870, le jeune Arthur Rimbaud, 16 ans, élève de Rhétorique, équivalent de la classe de 1ère au lycée de Charleville (Ardennes), adresse ce poème au parnassien Théodore de Banville afin de le publier dans le "Parnasse contemporain", passage obligé de tout jeune poète qui rêve dans la France littéraire de 1870, de publication et de gloire. Le titre initial du poème était Credo in unam, littéralement : "je crois en une seule", sous entendue déesse, forme détournée du credo catholique "Credo in unum deum (je crois en un seul dieu)" ou Rimbaud pactise avec la poésie à la mode, en courtise les instances et en flatte les valeurs de beauté, d'éternité et d'idéalité, ne reculant devant aucun des lieux communs de la poésie esthétique du Parnasse, la mythologie, l'idéalisation des valeurs et la sublimation de la sexualité et de la féminité "déifiée" sous les traits deVénus, déesse nue surgissant de la mer. "Soleil et chair" est une version corrigée et plus courte du "Credo in unam". C'est un éloge du paganisme, religion païenne avec de nombreuses idoles, une forme primitive du sentiment religieux. Rimbaud qui a lu tous les romantiques et Baudelaire reprend le thème de la nature des "correspondances", "un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles". Si chez Baudelaire la nature a l'apparence d'un temple, chez Rimbaud elle a celle de la femme la plus belle, création divine sortie de la mer, Venus, qui plus tard émergera d'une vieille baignoire, un ulcère à l'anus. C'est un poème de l'hésitation, Rimbaud en changera même le titre en "Soleil et chair, il manque sans trop savoir pourquoi des phrases entières de la première copie remplacées par des points de suspension. Soleil et Chair se veut théorie d'un retour possible à un monde idyllique.
1 Le retour à la mythologie
Ecrit comme une symphonie, en quatre mouvements précédés de chiffres romains I à IV, le poème se veut un retour à ce qu'on nomme la mythologie avec