Sonnets pour helene
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de « Ronsard » ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom, de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os ;
Par les ombres Myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour, et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie (...)
I) L'évocation du déclin
A. La vieillesse
B. La mort
C. La vie qui passe
II) La morale épicurienne
A. Un destin inéluctable
B. La présence du souvenir et des regrets
C. La morale finale
Texte 1 ; Du Bellay, Regrets, XXXII, 1558
Je me ferai savant en la philosophie
Je me ferai savant en la philosophie,
En la mathématique et médecine aussi :
Je me ferai légiste, et d'un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie :
Du luth et du pinceau j'ébatterai ma vie,
De l'escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d'apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d'Italie.
O beaux discours humains ! Je suis venu si loin,
Pour m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge.
Ainsi le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d'or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.
Texte 2 : Du Bellay, l'Olive X
Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,
Dont fut premier ma liberté surprise
Amour la flamme autour du coeur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.
Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme,
Le coup de main à tirer bien apprise,
Et toutefois j'aime, j'adore et prise
Ce qui m'étreint, qui me brûle