Sony labou tansi -la vie et demie
De grands auteurs tels que Montesquieu, Les Lettres Persanes ou Rousseau, Le Contrat Social ont dû s’évertuer à trouver des subterfuges afin de s’exprimer dans un contexte politiquement étouffant. Si l’impression à l’étranger est un moyen de pouvoir se faire entendre, il en existe d’autres. A travers La Vie et demie, Sony Labou Tansi nous entraîne au pays de la Katamalanasie , le pays de l’hyperbole, de la problématique de l’identité à travers un récit qui prend la forme d’une marche vers l’espoir.
L’avertissement en début d’ouvrage donne le ton. C’est un monde sombre en quête d’espoir. La lecture au départ est assez déconcertante dans le sens où même en sachant que l’œuvre propose des thèmes fantasmagoriques, Sony Labou Tansi dévoile dès les premières pages un récit violent et sanglant qu’il nous assène tel le Guide Providentiel sur « ses sujets », un coup qui met le lecteur à genoux.
« […] le guide providentiel eut un sourire très simple avant de venir enfoncer le couteau de table qui lui servait à déchirer un gros morceau de la viande vendue aux Quatre Saisons, le plus grand magasin de la capitale, d’ailleurs réservé au gouvernement. La loque –père sourcillait tandis que le fer disparaissait lentement dans sa gorge. » pages 11-12
Martial est poignardé, ouvert « du plexus à l’aine » page 12, saigné à blanc, rendu aveugle, abattu à coup portant, estropié, coupé en deux et finalement réduit en bouillie. Si au départ le lecteur est abasourdie de démarrer le thème de la violence sur les chapeaux de roues, l’hyperbolisme du texte le ralentit dans sa lancée et permet d’envisager le texte sous un nouvel angle. Il brise ainsi les carcans établis par la bienséance afin de faire éclater la vérité cachée. Sony Labou Tansi parle sans pudeur de sujets tabous : cannibalisme, sexe, viol, violence…
Si la vie de l’être humain est désacraliser, cela ne veut pourtant pas dire que l’Homme est un animal sans but.