Speenhamland
Il faut se garder, toutefois, de ce que Paul Ricœur appelle « l’illusion rétrospective de la fatalité ». Les limites ou les défauts de Speenhamland ont certes favorisé l’essor d’un système de marché débarrassé de toute entrave, mais ils ne suffisent pas pour expliquer cette mutation profonde, à la fois économique, politique et sociale. La victoire du « fondamentalisme du marché » illustre tout autant le rôle des idées – et non des seuls intérêts – pour interpréter les changements politiques [3]. Au début du XIXe siècle, Speenhamland se trouve en effet au centre d’un débat passionné – et décisif – opposant ceux pour qui la pauvreté résulte de l’inaction politique ou de la défaillance des lois à ceux qui feront de ces lois, précisément, la cause de la pauvreté qu’elles devaient combattre. L’issue de ce débat va sceller le sort de