Spleen iv baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que l’horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l’Espérance, comme une chauve-souris, S’en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses trainées D’une vaste prison imite les barreaux, Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. -Et le long des corbillards, sans tambour ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
SPLEEN 4 DE BAUDELAIRE INTRODUCTION
On note une progression entre les quatre pièces, qui consacrent la dépossession du moi, l’emprise de la mort sur le vivant qui est productrice de mélancolie. L’une du côté de l’avoir (premier vers du Spleen 2) d’un savoir morbide (v.2 Spleen 2) qui se retourne en vampirisation du sujet, l’autre du côté de l’être (v.1 du Spleen 3), d’un être soumis au renversement de l’inexistence et du néant. La progression dans la représentation de la perte du moi se marque essentiellement par l’élimination progressive de la présence poétique, dont les traces même fugitives sont encore décelable (Spleen 1 v.78 le poète est présent sous la forme d’un fantôme) ou dans le champ de la pétrification (Spleen 2). Le Spleen 4 marque une abdication du sujet. Les quatre poèmes portent le même titre Spleen sans que celuici n’intervienne explicitement, or ce dernier porte un anagramme qui le dissémine dans le texte : « esprit, espérance, plus, plafond, pluie, prison, espoir, pleurs, incliné et plante. »
PLAN
I- La montée du