Stefan zweig
La lente maturation d'un écrivain (1881-1904)
Stefan Zweig est le fils de Moritz Zweig, né en 1845, d’abord marchand puis fabricant fortuné de tissus, et d’Ida (Brettauer) Zweig, née en 1854, fille d’un banquier récemment installé à Vienne après avoir fait ses débuts à Ancône. Il est né le 28 novembre 1881 à Vienne. Avec son frère aîné, Alfred, il complète une famille « (qui) a voulu réussir son intégration et tenu à (leur) donner une éducation laïque. À l’exemple de ses parents, il(s) ne parle(nt) pas l’hébreu, ne fréquente(nt) pas la synagogue, ne cultive(nt) pas (leurs) racines…, et (Stefan) n’aime pas s’entendre rappeler qu’il est juif2 ».
Zweig est élevé à Vienne, dans le quartier du Ring à l’atmosphère bourgeoise et conformiste si caractéristique du règne de l’empereur François-Joseph. Inscrit au Maximilian Gymnasium, il subit l’enseignement scolaire, extrêmement rigide et autoritaire, comme un bagne. Il réussit malgré tout à obtenir son baccalauréat en 1900, avec une distinction en allemand, en physique et en histoire. À l’université, il s’inscrit en philosophie et en histoire de la littérature. À Vienne, il est associé au mouvement d’avant-garde Jeune Vienne.
Il quitte alors le foyer familial pour une chambre d’étudiant et commence enfin à profiter de ses dix-neuf ans. Il suit ses cours occasionnellement, fréquente les cafés, les concerts, le théâtre. Il s’intéresse aux poètes, en particulier Rainer Maria Rilke et Hugo von Hofmannstahl, déjà adulés en dépit de leur jeune âge. Zweig s’essaie lui-même à l’écriture, qui l’attire de plus en plus. Il compose plusieurs poèmes, dont une cinquantaine seront réunis dans un recueil, Les Cordes d’argent, publié en 1901. Même s’il reniera ensuite cette première publication, elle lui attire un succès d’estime. Outre ces poèmes, Zweig