Suis-je moi même dans la passion ?
En France, en 2007, 166 femmes ont été battues à mort. Pour celles qui ont réussi à sortir du cauchemar conjugal, une phrase récurrente se trouve dans leurs témoignages: "Quand il se mettait en colère, il n'était plus lui-même". Mais qu'entendons-nous par "être soi-même"? Le terme "soi-même" se concentre sur l'essence d'un sujet, son noyau énigmatique et profond, son fil conducteur cohérent permettant l'unité de la pensée, la colonne vertébrale de l'identité en somme. Soulevons ici un paradoxe: comment alors les acteurs de violences conjugales pourraient ne plus "être aux-mêmes"? Peut-être l'expression "être soi-même" signifie de manière plus large un sujet parfaitement conscient, luicide, responsable et maître de ses propos et de ses actes tout en respectant l'image qu'il veut de lui et que les autres veulent de lui. Devons-nous alors considérer que le "soi-même" nécessite une nouvelle définition le rendant faillible? N'y a-t-il pas des éléments qui puissent manquer à "soi-même", faire perdre la conscience comme des substances ou peut-être même la passion? La passion tire ses origines du latin avec le verbe "passio", traduit par l'action d'endurer, de souffrir. Elle s'exprime dans un ressenti émotionnel subit, négatif ou positif, comme la colère/la haine, la pitié, ou encore le plus célèbre d'entre tous, l'amour. Nous chercherons dans cette dissertation avec l'appui de grands penseurs à savoir s'il est possible "d'être soi-même" dans la passion. Dans un premier temps, nous réfléchirons si la passion est une composante de "nous-mêmes", de notre essence. Dans un deuxième temps, nous allons réfléchir si la passion nous affaiblit à travers nos consciences (réflexive et morale).
Dans cette partie nous réfléchirons donc si la passion nous aliène en nous éloignant de notre essence ou si au contraire elle fait partie intégrante de ce noyau énigmatique. Selon Pascal, la passion lorsqu'elle naît du désir "est un masque, un artifice