SUJET DE BAC BLANC – session mars 2013

QUESTION : Quelles images du personnage de roman les trois extraits proposent-ils ?

Les trois textes du corpus, extraits de romans (Camus, La Peste, R. Gary, Les Promesses de l'aube, Ph. Claudel, La Petite-fille de M. Linh) présentent des personnages selon des modes d'écriture différents : les textes A et C les évoquent à la troisième personne tandis que le texte B est un extrait d'un roman autobiographique, écrit à la première personne.
Les trois épisodes relatés ont en commun, et à des degrés divers, la souffrance : le narrateur de La Peste évoque d'abord en termes impitoyables, empruntés pour certains au vocabulaire de la médecine, précis, objectif, l'agonie de Tarrou, un des protagonistes du roman ; c'est de souffrance physique qu'il s'agit ici, comme s'il ne restait plus que le corps, livré à la torture ; mais Rieux, le médecin, expose aussi sa déchirure morale en ne voyant aucune issue positive à la peste en dépit de son extinction. La souffrance de l'enfant dans le texte B est liée à la maladie de la mère qu'il tente de conjurer par l'écriture. Le texte C relate les efforts pathétiques d'un vieillard arraché à son pays, tentant de protéger sa petite-fille.
On peut ajouter que la souffrance donne aux personnages une stature digne et grande par leur humanité qui s'affirme contre le poids du destin et les vicissitudes de l'existence : dignité de Rieux accompagnant son ami dans la mort, malgré son sentiment d'impuissance, d'autant plus prégnant qu'il est médecin, tendresse filiale de R. Gary envers sa mère malade, bonté, courage du vieillard dans sa volonté de surmonter les atteintes de l'âge. La souffrance n'est donc pas subie, ce qui aurait eu pour effet d'amoindrir les personnages, elle libère, au contraire, une force intérieure qui les ennoblit.
Le registre pathétique s'applique à l'expression de la souffrance très logiquement : le grec pathos désignant à l'origine une expérience subie, un malheur, une émotion