Sujet La parole n’est en fin de compte qu’un jeu de manipulations
Rédaction de l’introduction et de la première partie (voir le sujet)
Dans la mesure où elle constitue une mise en œuvre de la langue, entendue comme système sémiologique commun aux interlocuteurs, la parole semble en principe bien placée pour permettre une communication authentique entre les gens. Or, aujourd’hui, son utilisation quotidienne réelle a fini par graver dans les esprits l’idée qu’elle constitue plutôt un instrument de manipulation. Certains tentent toutefois de relativiser cette vision pessimiste. Il en est ainsi de Mohamed Daoudya pour qui « La parole est un jeu de manipulation, mais aussi un outil au service de la vérité ». Cette affirmation, régie par une structure concessive sous-jacente, met en effet en lumière deux facettes opposées de la parole: d’un côté, celle-ci, en raison de facteurs individuels divers, probablement liés à l’évolution des relations socio-économiques, présente aujourd’hui l’aspect d’un jeu de manipulation qui pervertit les rapports entre les individus ; mais d’un autre côté, elle semble parfois renouer avec son essence en favorisant la communication véridique entre eux. Pour cette raison, il importe de s’interroger, d’une part sur les formes de jeu auxquelles la parole se livre lorsqu’elle est à la solde de la manipulation, d’autre part sur les situations où elle s’exerce comme activité sérieuse au service de la vérité. Nous répondrons successivement à ces deux questions en nous basant sur Phèdre de Platon et Les fausses confidences de Marivaux.
La manipulation est l’influence exercée sur une personne ou un groupe pour l’amener à adopter une opinion ou une conduite qu’autrement il s’abstiendrait d’assumer ; elle emprunte différentes formes et mobilise diverses tactiques. Parmi ces dernières, l’ambiguïté et le mensonge sont les plus courantes, les plus efficaces et les plus expéditives. L’ambiguïté en parole