Sujet poésie es/s
SÉRIE ES / S
Objet d'étude : La poésie.
Textes :
Texte A : Joachim du Bellay, " France, mère des arts ...", Les Regrets, sonnet IX, 1558.
Texte B : Alphonse de Lamartine, "L'automne", Méditations poétiques, 1820.
Texte C : Charles Baudelaire, " Un hémisphère dans une chevelure", Petits Poèmes en prose (posthume, 1869).
Texte D : Jules Supervielle, "Les chevaux du Temps", Les Amis inconnus, 1934.
Texte A : Joachim du Bellay, " France, mère des arts ...", Les Regrets, sonnet IX, 1558.
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle ;
Ores1, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine ;
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las ! Tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je2 pourtant le pire du troupeau.
1. Maintenant.
2. Et je ne suis pas...
Texte B : Alphonse de Lamartine, "L'automne", Méditations poétiques, 1820.
Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d’attraits ;
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,