Sylvie brunel l'afrique un continent en reserve de developpement
Cet ouvrage de géographie universitaire évoque quelques grandes questions posées au continent africain : les origines du retard de développement, le chaos politique, l’évolution démographique, la gestion des ressources en eau et en nourriture, le commerce avec le reste du monde. De nombreuses cartes et données enrichissent le texte.
Commentaire critique
L’arrière-plan d’un ouvrage consacré à l’Afrique est forcément de se demander comment une situation aussi tragique a pu se produire et comment il est possible d’en sortir. L’auteure n’esquive évidemment pas ces questions brûlantes, tout en s’appuyant sur des données de cadrage essentielles.
Le livre s’attaque d’abord aux causes du sous-développement africain. Le poids de l’histoire est très lourd ; mais il réside moins dans le pillage des ressources, y compris humaines, que dans l’impact politique de la colonisation et de l’esclavage, qui ont produit des États incohérents car composés de populations antagonistes. L’absence d’États nations, la multiplication des guerres civiles ou religieuses, la faiblesse de l’État sont dans une large mesure la conséquence de cette histoire. L’auteure note au passage que l’esclavage est une tradition africaine ancienne, bien antérieure à l’arrivée des Européens et qui s’est poursuivie après leur départ. La légitimité d’une éventuelle indemnisation lui paraît donc douteuse, puisque les descendants des esclaves déportés sont aujourd’hui américains ou brésiliens, alors que les Africains actuels sont bien souvent descendants d’esclavagistes, qui ont pratiqué et profité de la traite.
Sylvie Brunel dénonce ensuite des politiques économiques aux effets catastrophiques : ruine de l’agriculture, industrialisation inefficace, corruption massive menant au gaspillage de l’argent public. Ces politiques ont été menées par des États qui, dans la dernière décennie, sombrent dans le chaos : multiplication des conflits armés, criminalisation des États, interventions inefficaces,