Synthese les personnages de romans
I. PERSONNAGE ET VALEURS
Les valeurs d'une société et les représentations culturelles qui en découlent déterminent en partie les contours du possible et du vraisemblable dans le roman. Les normes du bien, comme les vertus, ou du vrai qui ont un ancrage dans la tradition mais qui évoluent dans l'Histoire prennent leur part dans la constitution d'un personnage.
Dans bien des romans, la représentation des passions ne peut que contrevenir aux normes d'une société – lesquelles, ne l'oublions pas, font partie du matériau romanesque dans la mesure où elles sont susceptibles d'être récusées par le héros. Notons que Zola faisait de la passion individuelle le critère de distinction entre les véritables protagonistes de ses romans et les personnages secondaires ; seule la passion pouvait être le moteur de l'action.
Prenons, enfin, l'exemple d'un genre : le roman policier. Quelle qu'en soit la tonalité – roman à énigme chez Agatha Christie, roman d'atmosphère à la Simenon ou roman noir qui entraîne le lecteur dans une vision sombre et terrible du monde comme chez Patrick Raynal -l'intrigue policière montre un affrontement entre l'ordre et le désordre, l'humanité et la violence, la vie et la mort. Et l'on n'assiste pas toujours à la victoire du juste ou de celui que les valeurs domi¬nantes considèrent comme tel. La justice ne se confond pas avec la vertu ni l'intégrité avec le bien : coupables et innocents sont parfois les mêmes, tel Léon dans Le Chien jaune (1931) de Georges Simenon dont la vie a été brisée mais qui est aussi l'auteur de diverses malversations.
La prise en compte des valeurs, ou de leur dialectique, a ainsi une grande importance pour établir une typologie des personnages. En particulier dans le cas du héros qui, plus que tout autre protagoniste, relève d'une représentation socioculturelle. Étymologiquement le terme de « héros » signifie « chef » et il désignait les guerriers de L'Iliade comme Achille ou Ulysse ; son sens actuel