Le groupe Louis Dirn a entrepris une mise à jour des soixante tendances qui avaient été formulées dans les années 90, retraçant les transformations de la société entre la fin des Trente Glorieuses et le milieu des années 80. Il présente ici une évaluation synthétique de ce travail. Contrairement à une idée communément répandue, et contrairement à ses prédictions, le période 75-95 n’a pas été la période de bouleversement complet que l'on pourrait croire. Bien au contraire, c'est plus la continuité du changement que son renouvellement qui apparaît : de nombreuses tendances se sont poursuivies et même renforcées. Quelques-unes qui étaient en germe se sont confirmées. En revanche les effets de la crise économique et du chômage ont commencé de se répercuter sur la structure sociale. Mais comment et dans quelle mesure la société s’est-elle transformée durant cette période ?

Nous réalisons en étudiant le texte que certaines innovations et changements, encore récents à l’époque du premier constat, se sont confirmés. Nous mettrons en évidence leur continuité. Ainsi, nous pouvons constater un certain effacement des frontières entre les différents âges et « périodes » de la vie. En 1984, Louis Dirn avait en effet déclaré que le troisième âge serait un des composés les plus importants de la société française. Cette étude, qui s’est confirmée, a également amené l’idée que la jeunesse est désormais une classe sociale à part entière. Cependant, nous pouvons noter que la notion de la « jeunesse » et de « troisième âge » s’est sensiblement modifiée, en partie grâce aux changements évidents de mentalité : la jeunesse « s’étale » sur plusieurs années, empiétant sur l’âge adulte qui était auparavant strictement défini comme l’acquisition d’un emploi stable et un mariage, et débutait aux alentours de 24 ans. Louis Dirn met ainsi en évidence que la jeunesse est désormais une phase à part entière, au sens l’âge adulte est de plus en plus reculé avec la prolongation des études, mais