Forum de la Régulation 2003 9-10 octobre 2003, Paris

La dollarisation : une interprétation institutionnaliste et macroéconomique

Jean-François Ponsot Centre d’Etudes Monétaires et Financières / Université de Bourgogne Pôle d’économie et gestion, 2, Bd Gabriel, 21000 Dijon jfponsot@yahoo.fr

Résumé Le papier a pour but d’appréhender le processus de dollarisation à travers une interprétation dépassant les analyses courantes de la dollarisation fondées sur une conception fonctionnaliste de la monnaie et une approche en termes de coûts-avantages. Une typologie des régimes de dollarisation est dressée. La dollarisation de facto est interprétée à partir d’une conception institutionnaliste de la monnaie, comme crise de légitimité de l'unité de compte domestique qui érode progressivement la souveraineté monétaire. Confrontées à la fuite devant la monnaie nationale, les autorités tentent alors de mener une action de résistance institutionnelle — dont le Currency Board peut être l’un des modes d’expression. Dans les situations les plus critiques, les autorités peuvent prononcer la dollarisation officielle et intégrale. Cette stratégie de fuite en avant n’est cependant pas neutre. Elle lance un défi au principe macroéconomique de coïncidence entre espace monétaire et espace de production qui structure une économie monétaire de production. La prise en compte de cette dimension spatiale des questions monétaires invite alors à aborder la question du statut hégémonique des monnaies internationales en étudiant la dollarisation du point de vue des pays émetteurs des xénomonnaies.

FORUM DE LA RÉGULATION 2003 : J.-F.Ponsot — 1/17

En 1983, le ministre israélien des finances a été contraint à la démission après avoir émis l’idée d’un remplacement définitif de la monnaie israélienne par le dollar. Cette époque paraît bien lointaine. Aujourd’hui, la dollarisation officielle n’est plus un tabou. Depuis les années 1990, l’adoption du dollar a été proposée à la