Tant que mes yeux de louis labé
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Louise Labé. « Tant que mes yeux pourront larmes épandre... »
Attention ! Cet exemple de lecture n'est pas une explication de texte dans les formes, car elle ne respecte pas les étapes de cet exercice. C'est un faisceau de lectures, visant à montrer quelques facettes de l'écriture d'un sonnet.
Louise Labé, « Tant que mes yeux pourront larmes épandre... »
Tant que mes yeux pourront larmes épandre
A l'heur passé avec toi regretter,
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre ;
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard luth, pour tes grâces chanter ;
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre,
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais, quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante,
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.
Tentons de projeter sur ce texte un faisceau de lectures, qui soient autant d'éclairages différents.
1. Lecture contextuelle o Louise Labé appartient au cercle lyonnais. Un féminisme littéraire se développe, héritier du gynécentrisme courtois, autour du poète Maurice Scève (à lire dans la collection Poésie de Gallimard, à côté de Louise Labé et Pernette du Guillet). o La poésie lyonnaise est imprégnée de pétrarquisme (dont elle retient une conception mystique de l'amour, les contradictions du cœur amoureux, mais aussi, plus bas sur l'échelle des styles, la « mignardise », celle qu'évoque ici le vers 6), et de platonisme ex. : thème du corps-tombeau, sôma-sêma. o Le contexte religieux est dominé par l'émergence de la Réforme, qui propose une autre lecture de la Bible. La pratique de la lecture, de la méditation et de l'imitation des psaumes se répand (chez Marot par exemple). 2. Lecture générique o La tonalité rapproche ce poème d'une élégie. o La