Tariq ramadan, radicalité et intersectionnalité
Introduction : un penseur, une identité au croisement de plusieurs univers de référence.
« Depuis longtemps, je répète aux musulmans et à mes concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien d’adoption. Il n’y a là aucun problème : je vis avec ces identités et l’une ou l’autre peut devenir prioritaire selon le contexte et la situation. Il faut même ajouter d’autres dimensions à ces identités qui sont le fait d’être un homme, d’avoir un certain statut social, une profession, etc. Nos identités sont multiples et toujours en mouvement. »
Cette citation en guise de présentation est tout à la fois courte et pleine de sens. En effet, une grande partie de son œuvre a pour origine la réflexion autour de son identité ; faire coexister en harmonie ses origines, sa tradition religieuse ainsi que sa culture européenne sans qu’aucune de ces dimensions n’empiète sur l’autre. Tariq Ramadan ne cherche pas à se définir exclusivement à une seule sphère d’appartenance, ni à les hiérarchiser en se définissant « européen musulman» ou « musulman européen » ; en ce sens sa démarche pour se situer, définir son identité, est une démarche intersectionnelle.
Cette volonté de se définir ainsi vient de son vécu, avant d’être théologien il fut enseignant en philosophie dans un lycée suisse et fut confronté aux discriminations dues à son appartenance religieuse. D’un coté l’Islam était perçu aux yeux de certains de ses concitoyens comme étant « étrangère », et finalement lui-même n’était pas considéré comme étant « complètement ou tout à fait suisse ». D’un autre coté l’ensemble des ulémas (savants religieux) considéraient l’Europe comme n’étant pas une « terre d’islam », en établissant une grille de classification des pays comme étant soit « dar al-harb » soit « dar