Tarvail dernier jour d'un condamné
Le dernier jour d’un condamné.
En ce jour, 28 Mai 1829.
Bonjour très cher ami,
Je voudrais te faire part d’un projet qui me tient à cœur, et je suis sûr que tu me seras de bon conseil et d’une grande aide. Depuis de nombreuses années, je mène un fervent et constant combat contre la peine de mort. Ce sujet ne te tient- il pas à cœur aussi d’après ma mémoire ? Le début de ce combat doit dater de ma tendre enfance, la peine de mort me révolte, me dégoute, me rend fou ! A cette époque, je fus fortement marqué par l’image d’un prisonnier que l’on conduisit à l’échafaud, sur la place de Burgos. Durant ces nombreuses années, avec mon statut d’auteur et d’homme politique reconnu, j’ai essayé d’infléchir l’opinion publique en montrant la barbarie, l’horreur et l’inefficacité de cet acte. Mais à mon grand regret, après tout ce temps passé, ces lettres écrites n’ont strictement rien changé. Il y a un peu moins d’un mois alors que je passais sur la place de l’Hôtel de Ville, j’ai pu admirer le misérable spectacle du graissage de la guillotine, en prévision du macabre spectacle prévu le soir même. C’est à ce moment là que m’est venue l’idée de la rédaction d’un livre, le dernier jour d’un condamné, et ce livre je voudrais que tu le lises pour ensuite me dire ce que tu en penses.
En effet, je voudrais vraiment avoir ton avis et ta critique de mon travail avant de pouvoir le publier. Pour te faciliter la compréhension et la critique de cet ouvrage, je voudrais t’expliquer la façon dont je l’ai écrit. Pourquoi l’ai-je écrit comme cela, avec ce type de narration, cette longueur de chapitre, le fait qu’à aucun des moments du récit je ne donne ni le nom du condamné, ni l’acte qui l’a commis pour subir cette condamnation.
Mon livre a pour but d’être un journal écrit par un condamné à mort lors de ses dernières vingt quatre heures d’existence dans notre misérable monde, où il décrit sa vie lors de la fin de son procès, soit