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Marché unique et développement des échanges
Lionel Fontagné et Michael Freudenberg* Contrairement à la théorie classique du commerce international, la première vague d’intégration européenne ne s’est pas traduite par un développement du commerce inter-branche reflétant une spécialisation accrue des pays membres dans des produits pour lesquels ils détenaient un avantage comparatif. En revanche, le développement du commerce intra-branche reflète davantage une spécialisation des producteurs eux-mêmes que des différents pays. Il a concerné davantage le commerce croisé de produits différenciés par leur qualité que le commerce croisé de produits similaires. Ainsi les échanges intra-européens se caractérisent-ils par l’importance d’un commerce croisé faisant une large place aux échanges de qualité. Ces mécanismes se sont accompagnés d’une spécialisation des pays membres dans telle ou telle gamme de qualité (bas de gamme, gamme moyenne, haut de gamme), cela pour chaque produit concerné par les échanges. Dans la perspective de cette nouvelle division du travail au sein du Marché unique, l’Espagne et dans une moindre mesure le Portugal, semblent avoir réussi leur intégration aux échanges intra-communautaires, au contraire de la Grèce. L’intégration plus marquée des pays membres du noyau dur (membres originels) repose sur des échanges bilatéraux intra-branche intenses. Les pays du Nord se caractérisent par la place importante des produits haut de gamme dans leurs exportations, et contrastent ainsi avec les pays du Sud spécialisés au contraire dans le bas de gamme. Si, dans sa globalité, l’Union européenne est spécialisée dans le haut de gamme, elle ne doit cette performance qu’à quelques-uns de ses membres au premier rang desquels l’Allemagne et la France, dont les profils de spécialisation déterminent celui de l’ensemble européen.
*Lionel Fontagné est professeur à l’Université Paris 1 (TEAM-CNRS) et conseiller scientifique au Cepii ; Michael