Technicien
Qu’est-ce qu’un trou d’cul ?
Le concept de « trou d’cul » fournirait-il une clé pour comprendre le capitalisme contemporain, les menaces à l’égalité démocratique, les aspects les plus machistes de notre culture, ou encore une bonne partie de nos désagréments quotidiens ? Analyse d’un essai portant sur une étrange (et irritante) figure de nos sociétés : le trou d’cul.
Pierre-Yves Néron
considéré dans ce texte
Assholes : A Theory, d’Aaron James.
Le capitalisme pré- et post-2008.
Les inégalités. Les files d’attente.
Pourquoi on devrait prendre Kanye
West au sérieux.
Let’s have a toast for the douchebags
Let’s have a toast for the assholes
Let’s have a toast for the scumbags
Every one of them that I know
— Kanye West, « Runaway »
I
ls sont partout. Au travail, au Parlement, dans les salles de classe et les files d’attente. Ils sévissent dans les médias, nous empêchent de travailler en paix, menacent de quitter le pays parce que les impôts sont trop élevés et utilisent leur téléphone cellulaire au volant de leur Jeep. Les assholes. Les connards.
Les trous d’cul, pour parler en bon québécois. Mais qu’est-ce, au juste, qu’un trou d’cul ? C’est la question que s’est posée le philosophe américain Aaron James dans son dernier ouvrage, Assholes : A Theory.
James reprend une stratégie à la mode : philosopher avec rigueur sur un sujet à première vue anodin. De très sérieux professeurs ayant connu un franc succès en dissertant sur la procrastination ou l’art de dire de la bullshit, James propose d’en faire de même avec le concept de « trou d’cul ».
Qu’est-ce qu’un trou d’cul ? Intuitivement, nous savons que Gérard Depardieu,
Kanye West, Silvio Berlusconi ainsi que le type qui prend ses appels en pleine séance de cinéma sont de bons candidats. Mais à bien y penser, il est très difficile de définir précisément ce qu’est un trou d’cul.
Pour y arriver, il faut d’abord noter que le concept fait partie de notre