Temporalité morituri
Dès l’incipit, le commissaire Llob nous plonge dans un monde chaotique et dangereux. Ce sentiment est renforcé par l’évocation d’un passé heureux qui fait contraste avec la situation d’aujourd’hui. Llob se remémore d’agréables souvenirs qui n’ont plus de sens dans la dure réalité actuelle. Ces souvenirs qui appartiennent à la sphère privée démontrent bien que le malaise ambiant ne s’est pas contenté seulement d’affecter le monde extérieur. Le quotidien de la population s’en retrouve bouleversé. Avant de sortir de chez lui, Llob surveille méticuleusement les alentours pendant un « quart d’heure » par peur d’une agression terroriste et arrive au commissariat, chaque jour, à des horaires différents. Ce procédé qui cherche à faire référence au passé (« il fut un temps », « c’était le temps », « autrefois ») pour ensuite le comparer au présent (« aujourd’hui ») se répète à maintes reprises tout le long du roman. Llob est un profond mélancolique. D’autres éléments concourent à créer un climat de tension permanent. Chaque matin », la BRQ nous rapporte des faits abominables. Ses atrocités, qui doivent être en temps normal rares, deviennent par leurs répétitions des banalités. L’heure du couvre-feu est régulièrement citée. Il renforce cette atmosphère de conflit et semble s’intégrer dans la vie de chacun qui l’assimile à une nouvelle mesure de temps. Lino se plaint d’être mobiliser à une