Texte Olympe de Gouge simone de beauvoir
¤ Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791
Homme, est-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe? Ta force? Tes talents? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique. Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'il sur toutes les modifications de la matière organisée; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel. L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles. Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791
¤ Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, 1949 © Editions Gallimard
Dissimuler, ruser, haïr et craindre en silence, miser sur la vanité et les faiblesses d’un homme, apprendre à le déjouer, à le jouer, à le manœuvrer, c’est une bien triste science. La grande excuse de la femme, c’est qu’on lui a imposé d’engager dans le mariage tout d’elle-même : elle n’a pas de métier, pas de capacités, pas de relations personnelles, son nom même n’est plus à elle ; elle n’est que « la moitié » de son mari. S’il l’abandonne, elle ne trouvera le plus souvent aucun secours, ni en soi ni hors de soi. Il est facile de jeter la pierre à Sophie Tolstoï* comme le font A. de Monzie et