Texte
Je pense sans vraiment le vouloir, mes souvenirs passent comme des nuages vaporeux, sans que je n'y fasse vraiment attention. Ils se mélangent lentement comme des vagues qui viennent et repartent aussitôt. Je pense à avant, au soleil, à la joie, à l'herbe verte sous mes pieds, à ma mère, à ma sœur et quelques fois à mon père. Je me rappelle de la vie, celle où les seules difficultés étaient d'apprendre par cœur les comptines du professeur, celle où les seules blessures que j'avais étaient des égratignures de mes chutes de vélo, celle où Sophie, ma sœur, avait les joues roses et gonflées et celle où Papa avait toujours son regard froid et sévère. Je repense à tout ça, comme si Sophie n'avait pas disparu, comme si le regard de mon père ne s'était pas empli de désespoir et d'inquiétude. Et je me soucie, entre deux sombres pensées, de ce qu'est devenu mon beau vélo rouge. Mais le souvenir s'en va,