Textes en tout genre
Comprendre… Vous n’avez que ce mot-là à la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu’on ne peut toucher à l’eau, à la belle eau fuyante et claire parce que ça mouille les dalles, à la terre parce que ça tache les robes. Il fallait comprendre qu’on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu’on a dans les poches au premier mendiant qu’on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu’à ce qu’on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre, Je comprendrai quand je serai vieille… Si je deviens vieille… Pas maintenant.
Jean Anouilh, ANTIGONE
8. CYRANO -> International
Ah ! non ! C’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme…
En variant le ton, par exemple, tenez
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Descriptif : « C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol de peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
- Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu d’ailleurs l’invention qu’il faut
Pour me les servir devant cette noble galerie.
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.
Rostand