Dans quelle mesure peut-on analyser Thérèse Desqueyroux comme un roman féministe ?

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Soutenez la thèse selon laquelle Thérèse Desqueyroux est un roman féministe.

Lors de la parution de Madame Bovary de Gustave Flaubert, ce dernier aurait déclaré « Madame Bovary, c’est moi », alors que le roman faisait scandale. Cette déclaration peut prendre plusieurs sens1, mais l’une des hypothèses la plus intéressante serait que l’écrivain– lui-même se considérant et s’éprouvant comme « à part » - éprouverait un sentiment d’affinité avec le personnage féminin, marginal et souffrant. Flaubert comme Mauriac inscrivent l’histoire de leur héroïne dans un cadre réaliste, dans lequel les conditions d’existences sociales et morales des femmes sont décrites : éducation au couvent pour l’une, poids de l’institution matrimoniale pour l’autre, etc. Aussi peut-on se demander si Mauriac, en écrivant l’histoire d’une femme rebelle qui va jusqu’au crime pour tenter de retrouver sa liberté, ne nous a donné à lire un roman féministe .

On retrouve en effet dans Thérèse Desqueyroux des caractéristiques du roman féministe.
Tout d’abord, dans le roman, la narration est centrée sur le personnage éponyme dont la vie nous est racontée. Thérèse s’impose donc comme le personnage principal du roman :l’omniprésence romanesque de Thérèse contraste avec la réalité de son effacement sur le plan social ; au début du roman, en effet, le lecteur a la surprise de découvrir que le personnage qui a donné son nom au roman n’est qu’une ombre, dont l’existence même semble oubliée par les deux hommes qui décident à sa place de son destin, son père et son avocat, qui parlent comme si elle étaient absente. Ce paradoxe- l’ omniprésence romanesque d’un personnage civilement inexistant- jette les bases d’un roman féministe.
D’autant qu’au fil du roman, Mauriac brosse le portrait d’une femme cultivée et intelligente : le narrateur nous dit qu’elle est même supérieure à son