THEMATIQUE DE L EXCLUSION
1. L’EXCLUSION : UNE NOTION COMPLEXE
Il n’est pas toujours très aisé de définir l’exclusion comme le montrent les exemples ci-après.
Exemple 1
O. Schwartz, dans son livre, remarquable, sur Le Monde privé des ouvriers (1990), décrit la situation d'un chômeur de longue durée: c'est quelqu'un qui a perdu son travail et qui s'est complètement replié sur la sphère du privé.
Il a la télévision, un appartement, sa femme s'occupe de lui et paraît accepter la situation. Il passe sa vie devant la télévision, dont il devient d'ailleurs un fin connaisseur. Mais en même temps, il n'ose pas sortir pour acheter une baguette de pain, il a honte, il rase les murs.
Voilà quelqu'un dont on dira que c'est un « exclu ».
Exemple 2
F. Dubet à partir de son livre, La Galère décrit ces jeunes de banlieue qui, au contraire de l'exemple précédent (de Schwartz), vivent en extériorité complète. On pourrait dire que la sphère du privé leur paraît étrangère. Ils ne sont pas isolés, au contraire.
À certains égards, ces jeunes de banlieue ont des relations et des contacts plus divers et variés que le petit bourgeois parfaitement intégré qui va de son boulot à son pavillon et reçoit sa famille le dimanche. Mais cette sorte de sociabilité ne s'accroche à rien. C'est la « glande », pour reprendre un mot de leur vocabulaire, le fait de circuler sans but, de s'occuper à ne rien faire, de se déplacer pour aller nulle part.
Voilà donc deux cas de gens qu'on appelle des exclus. Qu'ont-ils en commun ? L'ouvrier a travaillé, a été socialisé par le travail. le jeune n'a jamais connu le travail régulier, ses contraintes et ses solidarités.
Le chômeur de longue durée étouffe sous le poids d'une vie complètement privée, tandis que le jeune inactif sème son existence à tout vent.
Ces deux personnes n'ont ni la même trajectoire, ni le même vécu, ni le même rapport au monde, ni sans doute le même avenir.
2. L'EXCLUSION ET LA QUESTION DES SEUILS
Pour définir l'exclusion