Therese raquin
Thérèse Raquin est un récit habilement agencé. On ne dispose pas du manuscrit mais l'analyse interne du roman témoigne du soin que Zola a apporté à la construction de son œuvre.
La répartition en trente-deux courts chapitres rythme la lecture et s'avère d'une grande souplesse. Conçue comme un moderne story board (dont s'inspireront d'ailleurs les cinéastes du XXe siècle), l'intrigue fait alterner les moments de tension et les pauses, les actions soudaines et les arrêts sur image. On peut distinguer par exemple des chapitres-tableaux, des chapitres d'action et des chapitres d'analyse psychologique, de plus en plus nombreux à mesure que l'intrigue s'enlise et que les personnages s'enferrent dans l'obsession. Plusieurs découpages peuvent être proposés, en sachant que Zola englobe dans la progression générale des séries de séquences symétriques (voir tableau ci-dessous).
Au niveau le plus général, « l'action se répartit sur trois grandes parties, comportant à peu près le même nombre de chapitres, également chargés d'intérêt dramatique et psychologique et se terminant chacun par un épisode remarquable » (Henri Mitterand) : le meurtre de Camille (ch. XI), la nuit de noces (ch. XXI), le double suicide (ch. XXXII). C'est une tragédie en trois actes et qui forme un tout (« Un tout, comme le dit Aristote dans sa Poétique, c'est ce qui a un commencement, un milieu et une fin »), marqué par des temps forts, des péripéties et des coups de théâtre. À l'intérieur de chaque « acte », il y a des scènes, où alternent le récit du narrateur, les dialogues des personnages, et les didascalies descriptives. L'une des clés de la composition est donnée à l'intérieur même du roman, au chapitre XXVIII : « La haine devait forcément venir. Ils s'étaient aimés comme des brutes, avec une passion chaude, toute de sang ; puis, au milieu des énervements du crime, leur amour était devenu de la peur, et ils avaient éprouvé une sorte