L’incompatibilité est le propre de ce qui ne peut coexister. Si la science et la religion sont incompatibles, cela signifie qu’elles ne peuvent s’accorder sur une question donnée et que si l’on adopte l’une, l’autre est nécessairement exclue. De fait les religions proposent des croyances, des dogmes alors que la science se définit comme une connaissance rationnelle, méthodique et objective d’un domaine d’objets. L’une requiert la foi, l’autre ne reconnaît que la validité de la preuve mathématique ou empirique. L’une se distingue par le caractère foisonnant des croyances, chaque religion ayant son corps de dogmes et souvent des plus contradictoires, l’autre élabore des propositions susceptibles de faire l’accord de « tous les travailleurs de la preuve » c’est-à-dire de tous les membres de la cité scientifique, quelles que soient leurs appartenances nationales ou religieuses. A première vue, il semble donc bien que les discours religieux et scientifique ne fassent pas bon ménage mais peut-on parler d’incompatibilité ? La science peut-elle dénier toute légitimité à la religion et réciproquement la religion peut-elle disqualifier la validité scientifique ? Freud s’est efforcé d’instruire le procès de la religion et il a nourri sans trop d’illusions le rêve d’un monde à venir où l’éducation rationnelle supplanterait l’éducation religieuse et affranchirait l’homme de sa séculaire névrose infantile en le faisant accéder à sa majorité spirituelle et morale. Pour Freud et de nombreux savants, il y a une incompatibilité de droit entre la science et la religion. Or n’y a-t-il pas de grands savants qui sont en même temps des hommes de foi ? Comment comprendre que cette incompatibilité soit démentie par les faits ? S’agit-il de dénoncer l’incohérence de ceux en qui la religion et la science cohabitent ou bien portent-elles sur des réalités si différentes et ont-elles des enjeux si hétérogènes qu’à défaut de pouvoir en concilier les réquisits, il convient d’admettre