"L'album Tintin au Congo doit-il être supprimé ?"
- L'accusation de racisme doit être modérée par la prise en compte du discours de l'époque. Au moment de sa publication, Tintin au Congo n'avait provoqué aucune réaction d'indignation. Hergé, qu disposait de peu de sources d'informations, était en phase avec son temps : paternaliste et convaincu que l'homme blanc apporterait les solutions les plus judicieuses aux problèmes de l'Afrique. Il dit d'ailleurs lui-même : "Il se fait que j'étais nourri des péjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. C'était en 1930, je connaissais de ce pays ce que les gens en racontaient a l'époque. Et je les ai dessinés ces africains d'après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de lépoque en Belgique."
A tritre d'exemple, les aventures de l'éléphant Babar sur le continent africain parues en 1939 n'étaient pas moins caricaturales. Or on n'a guère entendu de critiques a l'encontre du pachyderme. Cet album a été réédité en 2004 sans aucune retouche et sans susciter de vagues. Tout comme certaines des plus anciennes aventures de Spirou et Fantasio présentent les mêmes clichés. Sans parler de l'aviateur de papier, Buck Danny, qui fait preuve d'un racisme crasse à l'égard des Japonais. Le reflet d'une époque sans doute ... Or nul ne pense à demander des comptes à leurs auteurs.
Pourquoi ne pas imaginer, plus globalement, de "cadrer" la lecture d'oeuvres aujourd'hui susceptibles de choquer certains lecteurs, en précisant l'esprit qui prévalait au moment de leur création ? Il est sûr qu'un petit avertissement qui aiderait le lecteur à comprendre le contexte de l'ouvrage serait le bienvenu. A titre d'exemple, la version francaise du Roi Leo que l'on doit au dessinateur japonais de mangas Tezuka, est agrémentée d'un averstissement sur l'image caricaturale des Africains qui y est véhiculée.
- L'album Tintin au Congo présente pourtant au moins un intérêt: il fait presque figure de document historique. Le