Tout ce que tu ne sais pas donner te posséde
On peut de prime abord définir l'échange comme une opération de transfert de biens ou de services considérés comme équivalents. Cette transaction à caractère économique appartient éminemment, pour nos sociétés capitalistes, à la sphère du commerce. Acheter du pain, vendre une voiture ou échanger des images, c'est céder un bien en contrepartie d'un autre, donner une chose pour recevoir autre chose. Échanger n'a donc d'intérêt que si les choses qui circulent entre les personnes sont différentes, hétérogènes entre elles.
Mais l'échange ne se cantonne pas dans cette sphère économique et commerciale. On parle ainsi d'échange amicaux ou amoureux, intellectuels ou théoriques. Ce qui s'échange, ce n'est donc pas seulement des marchandises.
Mais ce que l'on retrouve dans les différents domaines de l'échange, c'est la mise en présence des personnes et la communication des choses possédées. Par ailleurs l'échange présuppose l'égalité ou plutôt porte en lui l'exigence de l'égalité, de l'équivalence ou de l'équilibre. En effet, personne ne veut échanger à perte, et même, chacun espère secrètement tirer profit de l'échange. Donc l'exigence d'égalité pourrait n'être qu'apparente. C'est là que nous sommes confrontés à une double énigme : l'échange, comme nous l'avons dit, n'a d'intérêt que si ce qui est échangé diffère, et pourtant il faut que ces choses différentes soient aussi égales : peut-on parvenir à cette égalisation ? Et dans quelle mesure le secret espoir du profit ne remet-il pas en cause le bon fonctionnement de l'échange ?
Nous nous demanderons donc dans un premier temps comment il est possible à l'échange de réaliser cette égalisation de choses pourtant différentes. Devant les apories auxquelles nous allons être confrontés, nous réexaminerons cette exigence d'égalité et critiquerons l'hypocrisie qu'elle véhicule. Enfin, nous analyserons à nouveau l'idée selon laquelle l'échange aurait pour seule fin