Traduction : una escena barbara
La petite Chole ordonne-t-elle quelque-chose ? Je veux te voir tuer un requin.
Le noir sourit avec ce sourire blanc des sauvages, et prononce lentement, sans quitter des yeux les vagues qui font briller la lune.
Je ne peux pas, ma maîtresse. Il s'est joint une bande de requins. Le sais-tu ? Combien t'ont donné ces messieurs ? Deux pièces d'or. Le sais-tu ?
Entendit la réponse, le contremaître, qui passait ordonnant une manoeuvre, et avec cette décision dure et franche des marins chevronnés, sans quitter la pipe des lèves ni tourner la tête, lui souffla :
Quatre monnaies et tu ne seras pas un crétin !
Le noir sembla douter. Il se pencha au bastingage à tribord et il observa un instant le fond de la mer, d'où tremblaient les étoiles amorties. Ils se voyaient croiser ... et les fantastiques poissons qui laissaient après le sillage des étincelles phosphorescentes et ils disparaissaient confondus avec les rayons de la lune. Dans la zone sombre qui sur le bleu des vagues projetait le côté de la frégate où se devinait une tâche difforme d'un groupe de requins. Le marin s'éclipsa en réfléchissant. Encore il y retourna une ou deux fois pour regarder les vagues, comme pénétré de la plainte qui lançaient dans le silence de la nuit. Il coupa un cigare avec les ongles, et il se rapprocha.
Quatre pièces d'or, ça vous dit ?
La petite Chole, avec ce dédain patricien que les créoles opulentes allaient pour les noirs, retourna le voir avec son beau visage de reine indienne, et dans un tel ton, que les mots paraissaient se dormir chargés d'ennui au bord des lèvres, murmura :
Finiras-tu ? ... Faites le pour quatre pièces d'or !
Les lèvres hydropiques du noir ébauchèrent un sourire d'un ogre avare et sensuel. Ensuite il se dépouilla de sa chemise, dégaina le couteau qu'il portait à la ceinture et comme un chien de Terre neuve il le prit entre les dents et il grimpa sur le bord. L'eau de la mer brillait