Tunisie: six mois après l'étincelle
Pourtant, éloignée de la mer et de la capitale, peuplée d’à peine 40 000 habitants, elle n’a jamais eu les faveurs des touristes ni, d’ailleurs, de la plupart des Tunisiens …
Mais, depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi devant le siège du gouvernorat, en décembre dernier, Sidi Bouzid est devenue le symbole de la révolution tunisienne et le sujet de nombreux articles et ouvrages.
Tous tentent, à travers l’histoire du jeune suicidé et de sa ville natale, de comprendre les raisons profondes d’un soulèvement aussi inattendu qu’inédit.
Six mois après la fuite du dictateur, que peut-il y avoir à ajouter qui n’ai pas déjà été dit ou écrit ? Par ailleurs, depuis, d’autres villes lui ont volé la vedette. Non loin de là, Kasserine est devenue le nouveau sujet favori des quelques médias qui s’intéressent encore à ce qu’il se passe en Tunisie…
Il faut l’avouer, c’est dans cet état d’esprit que nous sommes partis pour Sidi Bouzid. Et pourtant…
Ce qui frappe lorsqu’on entre dans la ville, c’est qu’elle est bien plus accueillante qu’on ne pourrait l’imaginer. Le centre est plutôt coquet, les commerces et les cafés nombreux. Rien, à première vue et pour le voyageur de passage, ne permet de deviner que c’est ici qu’est né le soulèvement populaire qui a mené à la chute de 23 ans de dictature et à ce qui est convenu d’appeler aujourd’hui « le printemps arabe ». Certes, à l’instar de ce que l’on peut voir dans le reste du pays, les nombreux « graffiti » (aussi bien en arabe qu’en français ou en anglais) témoignent de l’ampleur des événements, mais rien n’indique que le régime autoritaire de Ben Ali ai pu être plus intolérable ici qu’ailleurs…
L’autre surprise, et non la moindre, est la disparition de la photo de Mohamed Bouazizi qui, il y a peu, était encore accrochée à la sculpture hideuse représentant le chiffre fétiche du dictateur trônant sur la