typologie des genres et éclatement des codesÉditer des manuscrits, et spécialement les manuscrits de travail des écrivains, souvent très composites et laissés à des degrés d’avancement très variables, pose de nombreux problèmes qui ne se rencontrent pas dans l'édition des textes, qu'il s'agisse de publications courantes ou d'éditions savantes assorties d'apparats critiques développés. Ces difficultés expliquent pourquoi les éditions de documents autographes peuvent parfois prendre un aspect ésotérique, sans d’ailleurs que cet hermétisme soit une fatalité, beaucoup d’éditions de manuscrits n’étant pas plus « difficiles à lire » qu’une édition critique. Pourtant, même lorsqu’elle ressemble de très près à une édition textuelle, l’édition d’un manuscrit appartient à un autre univers éditorial. Elle ne donne pas à lire une œuvre, mais ce qui se trouve à son amont : un certain état, inachevé et encore virtuel, de l’écriture. Elle n’établit pas un texte, mais cherche à rendre intelligible une étape de sa genèse ou le processus qui lui a donné naissance. Bref, de l’une à l’autre, ce n’est ni tout à fait le même objectif, ni vraiment le même objet. C'est pour signaler cette spécificité que, depuis une quinzaine d’années, la critique génétique utilise la notion d'édition génétique. Mais si l’expression, maintenant admise, définit bien un domaine éditorial et une certaine communauté d’esprit, elle recouvre aussi des réalités dissemblables. Vu de l’extérieur, le paysage de l’édition génétique frappe par sa diversité : variété des corpus, inégalité dans la dimension des dossiers publiés, dissemblance des méthodes de transcription, contraste des présentations, divergence apparente des projets. Il suffit, pour s’en faire une idée, de se reporter aux principaux manuscrits de Flaubert publiés, au cours de ces quinze dernières années. À ne considérer ces publications que sous le rapport de leur présentation, on trouve des éditions critiques, d’aspect quasi textuel, pour des