Tytr
Il le lapide avec sa joie interrompue ; ce qui bénissait mord ; ce qui louait conspue ; le tonnerre indigné gronde dans l' hosanna ; le pilori se dresse au sommet du Sina ; chaque strophe du chant de gloire et d' harmonie prend forme, se fait homme, est prophète, est génie, et devient le bourreau splendide du méchant.
De là naît Isaïe, âme à double tranchant, de là naissent les grands vengeurs, les rêveurs fauves, les pâles Juvénals, terreur des Césars chauves, et ce Dante effrayant devant qui tout s' enfuit, fait d' une ombre qu' on sent de marbre dans la nuit. a terre par moments doute ; on ne comprend plus.
L' homme a devant les yeux de la brume, un reflux, on ne sait quoi de pâle et de crépusculaire ; on n' a plus d' allégresse, on n' a plus de colère ; la disparition produit l' effarement.
L' oeil fauve du hibou regarde affreusement.
Toutes sortes d' éclairs inexplicables brillent.
L' autel penche, et les vers du sépulcre y fourmillent.
Tout se mêle ; Irmensul ressemble à Jéhovah ; le sage stupéfait balbutie et s' en va ; le mal semble identique au bien dans la pénombre ; on ne voit que le pied de l' échelle du Nombre et l' on n' ose monter vers l' obscur infini.
Dodone vaguement parle à Gethsémani, l' Oeta fume non loin du Sinaï qui tonne ; on fouille, on rêve, on nie, on querelle, on s' étonne ; des aveugles entr' eux se montrent le chemin ; le divin ciel a tort devant l' esprit humain ; le penseur est croyant, le savant est athée ;
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