Téléologie du roman vers le cinéma.
Dissertation
Dans Sleuth réalisé par Mankiewicz avec Michael Caine et Laurence Olivier, Le personnage de Laurence Oliver demande à Michael Caine s’il pense que la littérature policière est le divertissement des noble minds. Ici, la référence transmédia est courante. Il s’agit pour un film à suspense Hitchcockien de faire référence au genre du roman dans lequel naquit, avec La lettre escamotée de Poe, le genre policier. Cependant, avec Cinéma de Tanguy Viel, l’auteur propose une dynamique différente, quasi-inédite au vingt-et-unième. Un roman dans lequel le cinéma est le générateur quasi-exclusif de l’intrigue. Un tel mouvement interpelle et pose question. Il est en effet beaucoup plus rare de voir un roman s’inspirer du cinéma. Jan Baetens écrit :
« « Le progrès » voudrait qu’on aille du livre au film, du texte à l’image, puis du film aux jeux-vidéo… Mais le saut du film au roman est une bizarrerie historique, un mouvement rétrograde »
Le progrès devient une raison temporelle où un format plus jeune qu’un autre a plus de raison de se pérenniser dans les temps à venir. LE roman devrait laisser le champ libre au cinéma et le cinéma au jeux-vidéos. Ici, la citation commente un présupposé, une définition du progrès, mis à distance par l’auteur par les guillemets. Il ne s’agit pas tant ici de commenter l’opinion de l’auteur, on ne saurait la connaître à travers une si courte citation, mais bien d’adhérer à un prédicat contenu en deux phrases que lui-même se propose d’analyser, comme le montre le conditionnel. Premièrement le progrès défini par la citation est une logique temporelle linéaire où un format dépassant techniquement un autre format plus ancien, doit automatiquement le remplacer dans l’esprit des lecteurs spectateurs. L’ancien devient alors une source d’inspiration pour le nouveau. Dans cette logique, le cinéma peut trouver son inspiration dans le roman, des histoires, des genres, des caractères et même des procédés narratifs.