Ulysse et les femmes
Georges Perec (1936-1982)
Né de parents juifs polonais, Perec perd son père au front en 1940 et sa mère, déportée en 1943. Il est élevé par sa tante. Il prend très tôt goût aux jeux de langage et écrit en 1960 la disparition, sans utiliser une seule fois la lettre e (W est dédié pour E, pour eux, les oubliés des camps). La vie mode d’emploi reste son chef d’œuvre majeur par sa construction. W ou le souvenir d’enfance est écrit en 1975, basé sur un récit qu’il aurait écrit à 14 ans.
Pistes d’analyse :
( « Je n’ai pas de souvenirs d’enfance »
Paradoxal pour une autobiographie. La définition du « je » dans la narration est difficile ; paradoxal donc aussi qu’une autobiographie est en général une affirmation d’identité, alors que W semble être plus une quête initiatique.
( Flou identitaire : perte du nom propre et usurpation
Le narrateur de l’histoire ne se nomme que au chapitre VI (début conventionnel d’une autobiographie), le héros de la fiction n’est jamais nommé et on ne découvre son identité usurpée qu’au chapitre V.
Le doute identitaire et un aveu partiel apparaissent déjà avec le 1er Gaspard. « Vous êtes gaspard Winckler ? » « Euh…oui ».
Tout le monde semble usurper l’identité des autres. Ainsi ne sait-on pas qui narre l’histoire, existe-t-il 2 Gaspard Winckler, le « vrai » et l’usurpateur (dont on ne saura jamais le nom », 2 narrateurs sinon 3, le Perec-écrivain qui se veut objectif, le Perec adulte qui écrit pour se chercher, et le Perec enfant. Il y a aussi usurpation quelque part entre ces trois et avec cette revendication de ne pas avoir de souvenirs d’enfance. Ainsi Perec n’es-il pas sûr d’être juif en regardant son nom, il cherche désespérément des réponses dans l’origine de son nom. Il s’agit donc d’une véritable quête identitaire par l’écriture.
L’instabilité du nom est illustrée par les bouleversements de Lubartow (ville russe, polonais puis russe à nouveau), l’identité juive dissimulée sous le nom de