Ulysse raconte son odyssée a télémaque
Télémaque mon fils, à présent je vais te raconter pourquoi mon retour à Ithaque a pris tant de temps. Durant ces 20 années je n’ai cessé de penser à toi et à ta mère, avec pour seul but de vous retrouver, mais les dieux en ont voulu autrement. Mon fils, tu apprendras que la vanité de l’homme est punie cruellement, et que la ruse est une échappatoire.
À l’époque, nous revenions vainqueurs de Troie, heureux de rentrer chez nous, défiant la mer et les vents. Et nous buvions et nous chantions, remerciant les dieux, les yeux rivés sur l’horizon. Nous longions les côtes de Thrace lorsque nous arrivâmes à Ismaros et décidâmes de nous emparer de la ville et de ses richesses. Les pillages se passaient bien, cette deuxième victoire nous mit l’eau à la bouche et une fête fut organisée. Et tandis que nous buvions et nous mangions, les Cicones qui avaient fui revinrent avec des renforts, l’effet de surprise nous prit de court, engourdis par le banquet, le combat fut bref et sanglant pour nous, nous obligeant à fuir, laissant derrière nous plusieurs cadavres ithaquois.
De retour sur la mer, un vent fort commença de souffler et détruisit les mâts et les voiles, nous faisant dériver pendant neuf jours. Nous accostâmes sur l’île des Lotophages, un peuple étrange qui se nourrit de fleurs de lotus qui font perdre la mémoire. Mes hommes en mangèrent et je dus les ligoter aux bancs de la nef pour qu’ils acceptent de repartir avec nous, car vois-tu, ils oubliaient leurs familles et leur patrie.
Plus périlleuse encore était l’aventure qui nous attendait à quelques milles de là, sur l’île des Cyclopes. Nous y fîmes la connaissance de Polyphème, un cyclope peu accueillant qui dévora six de mes compagnons. Mais j’usais de la ruse pour nous sortir de cette mauvaise passe, me faisant appeler « Personne »; nous nous échappâmes cachés sous des moutons après avoir crevé l’œil unique du géant. Il tenta d’appeler au secours ces voisins cyclopes, en