C’était hier, le 10 juin 1889 qu’avait lieu le mariage du journaliste Georges Du Roy avec Suzanne la fille du patron de « La Vie Française» son patron même, monsieur Walter. Le mariage semblait sincère jusqu'à leur présentation à l’autel, où, le sentiment d’amour était absent. Du Roy agenouillé aux pieds de Suzanne, la tête baissée paraissait joyeux. Cette posture semblable à celle du roi lors de son sacrement laissait avérer sa prestance. Une odeur désagréable flottait dans l’église La Madeleine. L’odeur du parfum dont on se sert pour dissimuler les fumées déplaisantes. L’office terminée, se redressant et donnant le bras à sa femme avec fierté, Du Roy ouvrait cet ennuyeux défilé des assistants. Avec une certaine arrogance, il répondait aux compliments qu’on le lui dédiait, faisant croire qu’il était gêné. Une jolie femme s’approchait ; hésitante, elle lui tendait la main, ils restaient quelques instants, se contemplant comme des enfants, dans les yeux ; ne pouvant plus ce séparés. Cette élégante créature ne le laissa point indifférent, comme troublé. Noire de monde, l’église était envahie par la foule bruyante et distraite. Les gens se bousculaient, ils étaient serrés les uns contre les autres. Ils finissaient par ce calmé, puis, chacun ayant regagné sa place, le marié, d’une démarche nonchalante approchait. Le jeune marié gardait la tête haute, signe d’orgueil ; on pouvait lire dans ses yeux l’envie d’évasion, de fuir le mariage. Tandis que le peuple parisien l’enviait jalousement, il descendait avec lenteur les marches ; entre deux haies de spectateurs, encore, comme un roi telle une haie d’honneur que l’on consacrerait au