La silhouette se faufila souplement dans la place, mettant à profit l’obscurité pour dissimuler sa progression dans le dédale verdoyant de la résidence, bénissant la couverture nuageuse de cette nuit de pleine lune. Bien qu'averti, il trouvait étrange une telle profusion sylvestre si près de l'habitat. Enfin, il perçut les lueurs de la demeure et s'immobilisa, tous les sens en alerte. Rien ne semblait perturber le silence de la nuit. Moins concentré sur sa mission, peut-être se serait-il étonné de ne percevoir le moindre bruit. Il patienta quelques instants puis se résolut de contourner la résidence par le flanc gauche, se dirigeant vers l’appentis à l’arrière du domicile. Son esprit n’eut pas le temps d’interpréter le mouvement rapide perçu par sa rétine qu’il se retrouva plaqué au sol, ne devant d’éviter les énormes crocs claquants sauvagement à quelques millimètres de sa gorge qu’aux réflexes de guerrier aguerri qu’il s’était façonné au fil des années. Une lutte acharnée s’ensuivit, qui tournait à son grand désespoir au profit de son assaillant. Il ne pourrait contenir longtemps la sauvagerie et la vivacité de son agresseur. Que n’avait-il emporté ses armes ! « Pas de danger » qu’elle disait…tu parles ! Dans l’acharnement de la lutte, il ne distinguait qu’un vague mais massif faciès surplombant un corps musculeux vaguement humain dont les formidables mâchoires se rapprochaient inéluctablement de sa chair à chaque clappement.
La situation aurait été moins désespérée, le tintinnabulement du grelot qu’il crut entendre l’eut fait éclater de rire. L’emprise de la créature semblait pourtant se relâcher. Une voix forte retentit :
-Allez ! Va chercher !!
Il ne distingua pas la forme, mais comprit le geste et l’intention. On venait de lancer un objet muni de clochettes, avec une force phénoménale. Son assaillant s’élança derrière le sifflement de l’objet, non sans lui arracher quelques lambeaux d’épiderme et réduire à néant sa tenue de camouflage de ses mains