Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman ?
La question posée sous cette forme rhétorique semble répondre par la négative. Implicitement, une thèse s'exprime ici, qui nie que le roman puisse admettre des personnages médiocres. Il est vrai que d'un point de vue purement étymologique, la question prend une forme tout à fait antithétique. En effet la phrase peut-être divisée en trois syntagmes où le groupe sujet et le groupe attribut s'opposent. « Médiocre » vient du latin medius (moyen) qui a donné médiocris (moyen, médiocre, ordinaire ). Aujourd'hui cela désigne toute chose ou personne « entre le grand et le petit, qui est moyen, à l’égard, soit de la qualité, soit de la quantité ou ce qui est intermédiaire entre le bon et le mauvais, mais plus rapproché du mauvais. » (Petit Robert) Le mot héros vient du grec « »rwj » (hêrôs) qui désigne le chef de guerre (chez Homère) ou le demi-dieu (chez Hésiode).Gardant le sens de demi-dieu voir d'homme exceptionnel en latin, elle nous revient en français dans le courant du 14e siècle avec la même définition. Ce n'est qu'à l'époque moderne que le mot « héros » s'attache aux personnages ayant un courage hors-norme, digne de l'estime publique et aux personnages de romans. Il a gardé cette définition jusqu'à notre époque. D'un coté le moyen, de l'autre l'exceptionnel. Nous répondrons donc à cette question en respectant son rythme binaire. D'un coté nous analyserons les intérêts d'utiliser un personnage emblématique et de l'autre les raisons se servir d'un protagoniste sans intérêt. Les personnages héroïques en littérature européenne sont nés au VII siècle a.C.n. dans l'Illiade et l'Odyssé. Homère met en scène divers héros ou demi-dieux (Achille, Hector...) qui vont s'illustrer par leurs courages et leurs vertus. Chacun des actes de ces personnages joue un rôle prépondérant dans ce qui sera l'histoire des Troyens et des Acchéens. Ce récit épique pouvant être mis en parallèle à bien d'autres mythes (comme celui