Une action peut-elle être à la fois immorale et libre ?
THESE :
Une action immorale est une action qui enfreint les règles morales ; or, l’expérience de l’infraction procure un sentiment de liberté ou de puissance dans la mesure où l’on fait ce que l’on a envie de faire malgré les interdits. La liberté s’éprouve d’autant mieux que ma volonté s’affirme contre un obstacle et s’en affranchit. En outre, ces règles conventionnelles, établies par la société ne sont-elles pas l’expression d’une idéologie sclérosante qui visent en réalité à mutiler ma créativité ? (cf. Nietzsche La généalogie de la morale)
ANTITHESE :
Pourtant, une action immorale est une action que l’on ne peut pas raisonnablement vouloir. C’est toujours notre intérêt que l’on souhaite mais non pas l’immoralité elle-même. On ne veut pas le mal pour le mal. C’est accidentellement que l’on accomplit le mal c’est-à-dire en visant autre chose, une satisfaction autre. Dès lors, c’est contre sa volonté et contre sa raison (ou encore par manque de lucidité) que l’on accomplit une action immorale. L’erreur consiste à vouloir pour soi une exception à la règle dont on puisse tirer profit. On veut un intérêt particulier. Ainsi il n’est pas vrai que l’on soit libre. Pour être libre, il faut être pleinement en accord avec soi-même i.e. avec sa raison. Si je veux quelque chose pour des raisons particulières et non pas pour des raisons générales telles que cela pourrait être voulu en soi, alors je ne suis pas libre. L’accord avec soi-même réside dans l’auto-nomie (autos, nomos) c’est-à-dire dans le fait de se donner à soi-même les Lois et d’agir ainsi pour des raisons qui ne me sont pas particulières mais pour des raisons valables en soi, désintéressées ! (cf. Kant Critique de la raison pratique et