Verlaine romance sans paroles
Introduction
Ce poème de Verlaine est paru indépendamment dans une revue en 1872 sous le titre : Romance sans paroles.
«De la musique avant toute chose » que conseillait Verlaine prend tout son sens dans ce recueil publié en 1874 : Romances sans paroles quand Verlaine est en prison pour avoir tiré sur Rimbaud.
Cette première section souligne l’importance musicale puisqu’elle s’intitule « Ariettes oubliées » section composée (1871-1872) pendant une période d’accalmie.
Le poème que nous allons étudier est le premier poème du recueil.
Pourquoi peut-on dire que ce poème est bien une romance sans paroles ?
Nous essaierons de répondre à cette question en organisant notre lecture analytique autour des deux axes suivants : I) Une réalité imprécise et floue 2) Un poème musical.
I) Une réalité imprécise et indéfinie : « sans paroles ».
a) Pour définir le thème, le poète emploie en anaphore « c’ » pr.démonstratif + est
« c’est l’extase »
« c’est la fatigue »
« c’est tous les frissons des bois »
« C’ » ( terme peu défini repris dans la strophe 2 par « Cela »
Verlaine semble évoquer une situation érotique :
« extase langoureuse »
« fatigue amoureuse » où les êtres semblent ressentir des sensations d’alanguissement bien montrées par le choix des adjectifs longs : « langoureuse » , « amoureuse » et la rime riche en [urɶ̃z] et des allitérations en consonnes liquides [l] et [r] qui montrent l’étalement, la langueur.
Les mots « étreinte »v4 - « frissons »v3 reprennent cette idée d’amour physique de désir mais très vite associé à la nature, elle même personnifiée par le mot « cri »v9
L’usage de consonnes fricatives (annoncé par l’épigraphe de Favart « le vent ») [f]-[v]-[s]-[z] suggère également la fuite.
Dans la deuxième strophe, le processus continue puisque le verbe « être » est remplacé par des verbes modalisateurs qui suggèrent seulement ( « ressemble »v9 – « tu dirais »v11 comme si