Victor Hugo
Les poèmes les plus violents des Contemplations, ceux qui évoquent la veine satirique des Châtiments à l’intérieur d’une oeuvre conçue comme un recueil de poésie pure, n’attaquent pas le régime détesté que Victor Hugo a dû fuir dans l’exil. Ce sont paradoxalement les souvenirs d’enfance qui suscitent les explosions de haine les plus violentes, lorsque Victor Hugo se remémore l’enseignement de ses maîtres de rhétorique. Ainsi, la tonalité polémique de plusieurs pièces importantes témoigne de la volonté du poète de rappeler l’âpreté des combats littéraires des années 1820 et de dramatiser l’opposition entre rhétorique classique et écriture romantique. Aux maîtres de rhétorique, le poète reproche une pratique à la fois servile et stérile de la littérature.
En effet, pour Hugo, la rhétorique privilégie l’imitation mécanique de modèles anciens et le respect des formes immuables et des règles intangibles qui interdisent l’expression libre de la pensée.
Le poète des Contemplations rejette ainsi tout l’héritage classique, n’hésitant pas à répudier la Poétique d’ Aristote, l’Art poétique de Boileau ou les tragédies de Racine.
Surtout, le poète refuse une littérature trop abstraite qui n’est pas en prise directe sur la vie. Cette volonté de parvenir à une pratique vivante de l’écriture explique la violence des insultes portées à l’encontre des partisans du classicisme (Grimauds hideux qui n’ont, tant leur tête est vidée/ Jamais eu de maîtresse et jamais eu d’idées ) ainsi que le ton moqueur que le poète adopte dès qu’il s’agit de railler le désarroi de tel ou tel vieillard classique devant les audaces de la jeunesse romantique.
*Ce rejet énergique d’un classicisme sclérosé coexiste avec l’éloge de pratiques d’écriture qu’ Hugo juge plus fécondes et auxquelles il multiplie les références pour définir sa propre poétique.
« À propos d'Horace » constitue ainsi au moins autant un éloge du poète latin qu’une satire des maîtres de rhétorique. Hugo célèbre en