Victor Hugo

819 mots 4 pages
Victor Hugo, L'homme qui rit, II, 1 (1869)
A la fin du XVIIIe siècle, un jeune lord est enlevé sur ordre du roi et atrocement défiguré, la bouche fendue jusqu'aux oreilles. Il est recueilli par Ursus, un philosophe saltimbanque…

La nature avait été prodigue de ses bienfaits envers Gwynplaine.
Elle lui avait donné une bouche s'ouvrant jusqu'aux oreilles, des oreilles se repliant jusque sur les yeux, un nez informe fait pour l'oscillation des lunettes de grimacier, et un visage qu'on ne pouvait regarder sans rire. Nous venons de le dire, la nature avait comblé
Gwynplaine de ses dons. Mais était-ce la nature?
Ne l'avait-on pas aidée?
1
Deux yeux pareils à des jours de souffrance, un hiatus pour bouche, une protubérance camuse² avec deux trous qui étaient les narines, pour face un écrasement, et tout cela ayant pour résultante le rire, il est certain que la nature ne produit pas toute seule de tels chefsd'oeuvre.
Seulement, le rire est-il synonyme de la joie?
Si, en présence de ce bateleur³, − car c'était un bateleur, − on laissait se dissiper la première impression de gaîté, et si l'on observait cet homme avec attention, on y reconnaissait la trace de l'art. Un pareil visage n'est pas fortuit, mais voulu. Être à ce point complet n'est pas dans la nature. L'homme ne peut rien sur sa beauté, mais peut tout sur sa laideur. D'un profil hottentot⁴ vous ne ferez pas un profil romain, mais d'un nez grec vous pouvez faire un nez kalmouck⁵. Il suffit d'oblitérer la racine du nez et d'épater les narines. Le bas latin du moyen âge n'a pas créé pour rien le verbe denasare. Gwynplaine enfant avait-il été assez digne d'attention pour qu'on s'occupât de lui au point de modifier son visage?
Pourquoi pas? Ne fût-ce que dans un but d'exhibition et de spéculation. Selon toute apparence, d'industrieux manieurs d'enfants avaient travaillé cette figure. Il semblait évident qu'une science mystérieuse, probablement occulte, qui était à la chirurgie ce que l'alchimie est à la chimie, avait

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